LE DON DE SANG BENEVOLE FACE A DE NOUVEAUX DEFIS

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lun. 29 avril 2024

L’Union départementale pour le don de sang bénévole du Bas-Rhin tient son congrès annuel ce dimanche à Entzheim. Jean-Claude Hilbert, son président, dresse un état des lieux plutôt encourageant des collectes mais aussi de la vie associative liée au don du sang, très dynamique dans le département.

Comment se portent l’Union départementale et les associations de donneurs de sang dans le département ?

« L’Union départementale englobe 123 associations ou groupements d’associations pour le don de sang bénévole. L’année dernière, Niedernai et Hoffen nous ont rejoints et, en mars, le groupement de Saverne comprenant 19 associations. Peut-être que le groupement de Wasselonne (17 associations) fera de même. Il y a environ 220 associations dans le département qui organisent 4 à 12 collectes par an, ce qui constitue un maillage bien équilibré. Adhérer à l’Union départementale ne présente aucune contrainte, il n’y a pas de cotisation, mais cela permet aux associations de bénéficier d’informations, de rester connectées aux évolutions très riches du don du sang.

Nous avons noté neuf changements de présidents, ce qui est un bon taux de renouvellement car nos présidents ont un âge moyen élevé. Nous n’avons pas trop à nous plaindre par rapport aux autres associations car notre cause est reconnue et attire les jeunes bénévoles. Néanmoins, nous avons réalisé une fiche de bonnes pratiques à l’attention de nos amicales pour recruter des jeunes dans les comités. »

Quels défis doit relever le don du sang bénévole ces prochaines années ?

« Ils sont de deux ordres. Le premier est de poursuivre la promotion pour le don de sang. Nous sommes ainsi présents à des manifestations comme le Slow Up à Scherwiller, le forum des associations de Strasbourg, ou lors des Journées mondiales du donneur de sang où de nombreuses collectes événementielles sont organisées avec l’EFS [établissement français du sang]. Il s’agit de recruter des nouveaux donneurs, mais également de mobiliser ceux qui ont donné une à deux fois puis n’y pensent plus. Jérémy Hagenbourger marche pour la cause du don de sang et ramasse des promesses de dons : en septembre 2024, il reliera l’EFS de Nancy à l’EFS de Strasbourg en venant de Saint-Dié et en passant par Colroy-La-Roche, Kintzheim et Obernai.

Le second défi consiste à amener les donneurs actuels de sang total vers le plasma, possible tous les 15 jours entre deux dons « habituels ». En effet, si nous sommes indépendants en produits labiles, c’est-à-dire en sang total, c’est loin d’être le cas en produits MDS (médicaments dérivés du sang), en particulier en immunoglobulines. La demande est non seulement française, mais mondiale et augmente de manière exponentielle. Une nouvelle usine du LFB (Laboratoire de fractionnement biologique) à Arras devrait nous permettre de couvrir 65 % des besoins nationaux en 2027.

Par contre, les besoins en plasma éthique, donc bénévole, anonyme et non rémunéré, vont potentiellement grimper. Des investissements en matériel et des locaux éphémères sont à trouver en commun avec l’EFS. Le don de plasma n’est possible pour l’instant qu’en Maison du don, ce qui constitue un frein. Il faudra rapprocher ces collectes des donneurs en ouvrant des maisons éphémères dans les grandes agglomérations. Nous arriverons peut-être aussi à réaliser cette collecte de plasma sur nos collectes mobiles, comme c’était déjà le cas - il faudra le matériel adéquat.

Quel est le profil type du donneur de sang ?

« Il n’y a pas de profil type, chaque personne en bonne santé de 50 kg au moins et n’ayant jamais été transfusée peut donner son sang si elle se sent en bonne forme. C’est possible annuellement quatre fois pour les femmes et six fois pour les hommes.

Toutes les tranches d’âge sont présentes à nos collectes, avec peut-être un petit creux entre 27 et 32 ans et après 65 ans. Il y a peut-être un peu plus de femmes, plus courageuses au départ, alors que les hommes y viennent un peu plus tardivement. Mais globalement, la proportion de 50/50 est respectée.

Où se renseigner pour savoir si l’on peut donner son sang ?

« On peut prendre rendez-vous pour donner son sang sur le site de l’EFS qui vous amène automatiquement à un questionnaire en ligne auquel on peut répondre pour vérifier son éligibilité. Si on a des questions particulières, il ne faut pas hésiter à appeler l’EFS : un médecin nous conseillera utilement. »

y a un service public du sang, l’EFS, qui organise aussi des collectes dans ses propres locaux. Qu’apportent les associations ?

« Seules les Maisons du don – trois en Alsace : Mulhouse, Colmar et Strasbourg - collectent le plasma. Et seule Strasbourg collecte les plaquettes. Les collectes de sang total s’y réalisent également, mais les 85 % se font en collectes mobiles avec ou sans rendez-vous.

On voit là l’importance des collectes locales. On collecte autant en Alsace qu’en Lorraine Champagne Ardennes. Le Grand Est est la région où l’on collecte le plus de sang, ce qui nous permet d’aider d’autres régions. Les associations apportent le lien local, la préparation des salles, l’organisation des collectes et des collations post-dons offertes aux donneurs, ainsi qu’une convivialité qui attire les donneurs - avec parfois des grands chefs aux fourneaux, des animations, des cadeaux… Nous sommes convaincus que nous saurons tenir le défi du passage de 900 000 litres de plasma collectés à 1 600 000 recherchés en ramenant de la proximité, mais il faudra disposer des moyens en effectifs de prélèvement, en matériel et en locaux attirants.

Le sang sera encore longtemps irremplaçable et donc il faut compter sur la générosité des donneurs. »

 

Source DNA