Sang et plasma : donner envie de donner

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mar. 3 janvier 2023

L’établissement français du sang a lancé des alertes sur tous ses réseaux. Les stocks de poches de produits sanguins sont au plus bas. À la Maison du don, au Hasenrain à Mulhouse, l’équipe accueille chaleureusement les donneurs et cherche à les fidéliser.

 

Entre les SMS, les mails ou même les appels téléphoniques, les donneurs habituels n’ont pas pu passer à côté de l’information : « EFS : urgence sang, il manque plus de 1 500 dons de sang par jour en France pour pouvoir soigner les patients. »

Ce jeudi, à la Maison du don de Mulhouse, au Hasenrain , Elvire De Pin, médecin qui reçoit tous les candidats au don, doit faire avec une fréquentation « en dents de scie. Aujourd’hui, ça marche bien mais hier, c’était creux. » Depuis deux ans, l’EFS a vu une baisse du nombre de donneurs. « C’est lié au covid mais, cette année, nous avons aussi des épidémies de bronchiolite et de grippe. La crise sociale a aussi des effets sur les dons. Les gens sont préoccupés par d’autres choses. » Et pour couronner le tout, le verglas a également obligé à annuler des jours de collecte.

 

« Chouchouter » les donneurs

Au niveau national, l’établissement français du sang a aujourd’hui moins de dix jours de stock. « En 2021, il y en avait plus de onze. Un jour de stock de poches, c’est énorme. » Effectivement, lorsque les stocks sont insuffisants, les services qui organisent la distribution des poches doivent parfois faire des choix pour savoir à qui donner en priorité.

 

À Mulhouse, l’objectif est de 90 dons de sang et de 140 dons de plasma par semaine. Ce dernier étant de plus en plus utilisé dans de nouvelles thérapies. Cet effort sur les dons de plasma répond aussi à une volonté de la France d’aller vers une autosuffisance. Malgré leurs efforts, les représentants locaux de l’EFS n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs depuis plusieurs mois. « Nous avons en projet d’élargir les plages horaires pour pouvoir accueillir plus de donneurs. »

 

Et pour les fidéliser, tous les membres de l’équipe de la Maison du don n’hésitent pas à « chouchouter » ceux qui viennent donner leur sang ou leur plasma. « Quand ils arrivent, je leur explique comment se déroule le don et je fais leur dossier », précise Sofia, la secrétaire, avant de leur proposer une boisson. « On ne veut pas les voir partir en courant. On prend soin de la personne. Un donneur, ce n’est pas une étiquette. »

Lorsque le questionnaire est rempli, un entretien avec le médecin est ensuite nécessaire avant d’être dirigé vers la salle où sont réalisés les dons. Là, deux infirmières sont à l’œuvre pour installer les donneurs sur les six postes de don de plasma et les deux fauteuils réservés au don de sang. « Toutes les 1 h 15, nous avons de nouveaux donneurs de plasma à mettre en place », explique Stéphanie, l’une des infirmières présentes jeudi après-midi. C’est plus simple et plus rapide pour le don de sang. En 12 ans d’expérience à la maison du don, l’infirmière voit revenir ses « habitués » : « Ils connaissent nos vies. Des liens se créent. »

 

« C’est un moment sympa »

Mireille, 56 ans, vient tous les deux mois de Kingersheim pour donner son plasma. « J’ai une anémie qui est traitée mais pourrait réapparaître si je donne mon sang. Donner du plasma n’a pas de conséquence », explique-t-elle. « Je viens aussi parce que c’est un moment sympa. Et ça rend service à la communauté. »

Béatrice, 46 ans, donne son sang près de chez elle, à Bouxwiller, près de Ferrette. « Je viens à Mulhouse donner mon plasma quand je suis disponible. J’ai commencé à donner au lycée quand il y avait encore des collectes mobiles pour le plasma. Je donne tant qu’on peut utiliser de moi ce qui est bon », précise-t-elle en souriant.

 

Jean-Luc était en vacances en Suisse et s’est arrêté à la Maison du don en rentrant chez lui, près de Nancy. « Je donne depuis sept ans et demi. Entre le sang, les plaquettes et le plasma, j’ai déjà fait 140 dons au total. »

Après le don, il reste encore à aller dans la salle de collation. Pendant 20 minutes, une surveillance est assurée. « Un malaise peut arriver », explique Sylvie, agent de collation depuis neuf ans. Selon les heures, elle offre du salé ou du sucré avant de libérer les donneurs. En ces périodes de fêtes, l’EFS avait aussi prévu un petit cadeau : « C’est un emporte-pièce en forme de goutte de sang cette année. Une donneuse m’a dit qu’elle ferait des gâteaux en écrivant “donner votre sang” dessus. » Les donneurs sont aussi les meilleurs ambassadeurs du don…