ven. 27 septembre 2024
Pour soigner des maladies auto-immunes, en accompagnement des traitements de chimiothérapie, lors d’hémorragies… Les produits sanguins issus d’une poche de sang servent dans une multitude de situations et les besoins sont quotidiens, rappelle Christophe Forny, médecin à l’Établissement français du sang et responsable des prélèvements dans le Haut-Rhin.
Dr Forny, comment évoluent les besoins en sang ?
À ce stade, nous n’avons pas connu cette année de situations de tensions extrêmes comme il y a deux ans , même si certaines périodes, lors de la rentrée scolaire notamment, sont plus tendues que d’autres. Il arrive que l’on soit en limite de stock (moins de huit jours) sur des groupes sanguins particuliers (O négatif ou B négatif). Mais, globalement, on est moins sujet à des pics de consommation, les besoins sont mieux anticipés, ce qui nous permet d’organiser les collectes en conséquence.
Quelles sont les personnes soignées grâce aux dons de sang ?
D’une poche de sang sont extraits trois produits sanguins (globules rouges, plasma et plaquettes) qui vont servir dans différents cas. On pense généralement que l’on a besoin de produits sanguins après un accident grave, mais cela ne représente pas la majorité des cas. Environ une poche de sang sur deux est transfusée dans les services de cancérologie, où l’on va utiliser des plaquettes, majoritairement, en accompagnement des traitements de chimiothérapie qui entraînent une destruction partielle ou totale de la moelle osseuse – où sont fabriquées les cellules du sang. Avec le vieillissement de la population, et son corollaire, l’augmentation des pathologies de ce type, les besoins chroniques en sang évoluent. Les globules rouges sont, eux, transfusés en cas d’hémorragies massives : après un accident, lors d’une intervention chirurgicale, d’une greffe d’organes, après un accouchement. Enfin, du plasma est injecté à des personnes atteintes de maladies auto-immunes, inflammatoires ou de déficits immunitaires. Les besoins en plasma augmentent également parce que l’efficacité de ce produit sanguin est testée et prouvée pour soigner davantage de maladies.
Des alternatives à la transfusion de ces poches de sang existent-elles ?
Non, le sang artificiel, ça n’existe pas. Mais les progrès réalisés en chirurgie permettent une “consommation” moins importante de sang qu’il y a une vingtaine d’années. Une chaîne vertueuse s’est développée parce que tout le monde a conscience que le sang est quelque chose de rare et précieux. Les interventions sont moins invasives et les saignements mieux contrôlés. Des protocoles d’épargne transfusionnelle ont également été développés. Aujourd’hui, il est possible de récupérer en direct le sang de patients opérés, ce qui permet de se passer en grande partie du sang de donneurs et donc d’économiser des poches pour d’autres.
Quelqu’un a-t-il manqué de sang en Alsace au cours des derniers mois ?
Non, cela n’est jamais arrivé, pas même en France. Si cela avait été le cas, nous aurions failli à notre mission. Nous disposons de leviers pour mobiliser rapidement les donneurs, si besoin. Et l’entraide au niveau national entre les Établissements français du sang permet de garantir la disponibilité des produits sanguins là où ils sont nécessaires. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce n’est pas une situation d’accident grave ou de catastrophe qui nous inquiète, parce qu’on sait que très rapidement et spontanément les gens se mobiliseront. J’ai en tête l’exemple les attentats du 13 novembre 2015. Le lendemain, des donneurs faisaient la queue devant toutes les maisons du don. Mais, les victimes des attentats n’ont pas été transfusées avec leur sang, mais avec celui des donneurs venus une semaine ou deux avant. C’est ça qu’il faut avoir à l’esprit : le don c’est une affaire de tous les jours. Pour nous, l’urgence est quotidienne. On a tous les jours besoin de sang. Rien qu’en Alsace, on consomme quotidiennement près de 500 poches.
Santé - Repères
▶ Toute personne majeure, en bonne santé, pesant au minimum 50 kg, peut donner son sang jusqu’à la veille de son 71e anniversaire. Un homme peut donner au maximum six fois par an, en respectant un délai de huit semaines entre deux dons. Une femme quatre fois par an, en respectant le même délai entre deux dons. En moyenne un donneur donne moins de deux fois par an.
▶ En Alsace, on compte un peu plus de 60 000 personnes qui font un don au moins une fois par an. Leur nombre est stable. Cela représente 5 % de la population en âge de donner. La moyenne nationale tourne autour de 4 %. « On est certes au-dessus de la moyenne nationale, mais, ce qu’il faut voir, c’est que 95 % des donneurs potentiels ne donnent jamais », relève le Dr Forny. On compte à peu près autant de femmes que d’hommes qui donnent. Ce sont les 30/60 ans qui donnent le plus. Ils représentent environ 50 % des donneurs. Les 18/30 ans et les 60/70 ans, représentent chacun 25 % des donneurs.
▶ Un don de sang dure en moyenne une heure, entre l’inscription à la collecte, l’entretien médical pré-don, le prélèvement (entre 6 et 7 minutes) et la collation et le temps de surveillance post-don (20 minutes).
▶ Il faut compter 24 heures entre le prélèvement de la poche de sang et sa disponibilité dans les hôpitaux.
▶ La durée de vie des produits sanguins issus d’une poche de sang varie de sept jours (plaquettes) à deux ans pour le plasma qui est le seul à pouvoir être congelé. Les globules rouges peuvent, eux, être conservés pendant six semaines.
▶ Les dates et les lieux des collectes dans la région sont consultables sur le site de l’Établissement français du sang : https://dondesang.efs.sante.fr/trouver-une-collecte
▶ En Alsace, on compte plus de 300 associations de donneurs. Elles sont 180 rien que dans le Haut-Rhin, ce qui en fait le département français où l’on en compte le plus, selon le Dr Forny. Autre particularité haut-rhinoise : il s’y trouve deux maisons du don, à Mulhouse et Colmar. Dans le Bas-Rhin, il y en a une, à Strasbourg.
Source DNA